Un père mineur, une mère femme au foyer, une fille cheffe d’entreprise à 30 ans à peine… On ne rencontre pas ce genre de situation tous les jours pas vrai ? D’une cité ouvrière près de Forbach jusqu’à la création d’une entreprise innovante, voici l’histoire de Natacha Campanale.
La jeune mosellane grandit avec l’idée que pour avoir « un bon travail, il faut faire de bonnes études ». Encouragée par ses parents, bonne élève, elle débute un BTS banque en apprentissage en 2008. Un moyen de faire ses premiers pas dans le monde professionnel, d’engranger de l’expérience et de financer ses études.
Une fois sa licence professionnelle validée, Natacha Campanale intègre un master en ressources humaines à l’université Paris Dauphine.
« C’est sûr qu’il y avait un gap entre moi et les autres étudiants, enfants de médecins et d’avocat, reconnaît-elle en souriant. Je ne crois pas leur avoir jamais dit d’où je venais car pour nous, c’était un non sujet… D’une certaine manière, nous étions tous sur un pied d’égalité : la sélection pour le master se fait par dossier et sur concours. »
Une fois son diplôme en poche, elle trouve un poste à Saint Gobain. « Un bon travail, avec un bon salaire. J’ai eu de la chance, je n’ai jamais connu le chômage. » Mais voilà. « J’étais plus en phase avec la manière dont on gérait les ressources humaines. Mon travail manquait de sens. » Elle songe à se lancer dans l’entrepreneuriat. Loin de vouloir l’en dissuader, ses parents et ses amis l’encouragent.
« Quand j’ai annoncé à mon père que je voulais créer ma boîte, il m’a répondu : « tu as raison, on n’a qu’une vie ». Mes parents ont toujours cru en moi. Les seules barrières, c’est celles qu’on se fixe à soi-même. »
Tout aussi important, la jeune femme a confiance en elle et en son projet. Elle le peaufine plusieurs mois, accompagnée par Alsace Active, l’Adie et Initiative Strasbourg. Enfin, en 2016, elle crée Boïja, une marque de vêtements de sports éco-conçus et made in France. Six mois plus tard, sa campagne de financement participatif dépasse ses espérances en enregistrant 180 préventes au lieu des 100 attendus.
« J’ai été très bien soutenue d’un point de vue personnel, insiste l’entrepreneuse. Ma famille et mes amis y croyaient à 200%. Quand on crée son entreprise, cet appui est nécessaire. Sinon, c’est vraiment compliqué. »
Une histoire de confiance donc, mais aussi de contexte. « Avec les possibilités offertes par les réseaux sociaux et le financement participatif, j’ai l’impression qu’il est plus facile pour les jeunes de se lancer, estime-t-elle. On voit aussi, dans les médias, de plus en plus d’entrepreneur(e)s essayer, échouer et recommencer. Cela donne cette confiance pour entreprendre. »
Natacha s’interrompt un instant. « C’est vrai que je suis le contre exemple de l’idée que l’ascenseur social est en panne », comme si elle le découvrait seulement maintenant.
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