Kyo Kombucha, Aztek, Ékwého, Pachamaté, BeeZen, Moi, moche et bon, Kiff’It… Ces deux dernières années, près de 7 nouvelles boissons originales ont été créées à Strasbourg. Et ce n’est là que le premier de leurs points communs. Venez, on vous raconte leurs histoires !
Kyo Kombucha, Ékwého… à la recherche de boissons saines
Lorsqu’on demande à leurs créateurs ce qui les a poussés dans cette aventure, la même réponse revient : « proposer une alternative saine et moins sucrée aux boissons traditionnelles », en particulier les sodas. « Je suis moi-même amateur d’eaux aromatisées mais je ne trouvais rien de satisfaisant », explique Jérôme Rallet, cocréateur d’Ékwého, une eau aromatisée aux fruits et commercialisée depuis juin 2017.
Frédérique Fischer, cocréatrice du thé fermenté et pétillant Kyo Kombucha, approuve. « Que ce soit en soirée sur la terrasse d’un restaurant ou d’un bar, les gens qui ne boivent pas d’alcool et/ou de sodas n’ont pas beaucoup d’autre alternative que le jus de tomates ou le Perrier citron ! » « Il faut changer notre manière de s’alimenter, manger moins gras et moins sucré. C’est une question de santé », rebondit Sylvie Dumoulin, qui a créé la marque de kefir de fruits Kiff’it, avec son mari. Tous deux souhaitaient faire connaître les bienfaits du kefir, obtenu par un processus de fermentation, connu pour stimuler la flore intestinale. Ensemble, ils produisent 300 litres chaque semaine dans le laboratoire de leur maison, installée à Bischwiller.
Moi, moche et bon est parti d’une envie différente. « Proposer une solution au gaspillage alimentaire des fruits et légumes moches, qui ne correspondent pas aux normes esthétiques de la grande distribution », relate Séverin Meuillet, l’un des trois créateurs de ce jus de pommes. Lancé début 2015, il est fabriqué avec des pommes alsaciennes et « moches ».
Aztek, Pachamaté… S’inspirer de l’étranger
Pour tous les entrepreneur(e)s, l’idée s’est ensuite concrétisée face à un constat : comparé aux pays étrangers, en particulier les Etats-Unis et le Canada, le marché des boissons alternatives est très peu développé en France. Antoine Ehrmann et Alexis Wydra ont pensé à faire du jus de pastèque « pour le délire, l’été dernier au bord de la piscine ». Sauf qu’en creusant, « on s’est rendu compte que les Américains raffolaient du jus de pastèque mais personne n’en avait lancé en France », se souvient Antoine Erhmann. Les deux associés proposent le projet au startup weekend de Strasbourg en 2016 et obtiennent un des prix du jury. En moins d’un an, ils réussissent une campagne de financement participatif, débutent la production et signent un contrat de distribution avec Monoprix.
C’est à Berlin, dans le cadre d’un échange universitaire, qu’Adrien Priss a décidé de créer Pachamaté, une boisson pétillante à base de thé vert matcha. « J’y ai découvert une offre assez incroyable de boissons non alcoolisées, notamment au maté, » relate l’ancien étudiant à Sciences Po Strasbourg. Une fois son Master terminé, il se lance et sort 25 000 bouteilles début 2016. Quant à Sylvie Dumoulin (Kiff’It), elle a recensé plus de 160 marques de kefir aux Etats-Unis et Frédérique Fischer a découvert que les bars canadiens proposaient jusqu’à 10 boissons sans alcool.
BeeZen, Moi moche et bon… Des boissons bio ou engagées
Vient ensuite le temps de la création de la boisson. Presque tous choisissent de produire en bio ou en agriculture raisonnée. « C’était une évidence vu qu’on voulait créer une boisson saine. Autant faire les choses bien », répond Antoine Erhmann, du jus de pastèque Aztek, qui espère utiliser des bouteilles à base d’algues et de composites recyclés dès que possible. Jérôme Rallet, dont les fruits utilisés pour son eau aromatisée (Ékwého) possèdent le label écocert, donne la même réponse presque mot pour mot.
Kyo Kombucha utilise du thé vert bio et issu du commerce équitable de l’entreprise alsacienne Les Jardins de Gaïa, tout comme Kiff’It. Moi, moche et bon a choisi de favoriser l’économie locale. « Notre producteur, installé à Rottelsheim, travaille selon le label agriculture raisonnée et une coopérative de Dossenheim met le jus de pommes en bouteilles, reprend Séverin Meuillet. Dès que le début de notre projet, dans le cadre du Bachelor Jeune Entrepreneur à l’École de Management de Strasbourg, nous avons remarqué qu’il y avait beaucoup de producteurs de pommes de qualité en Alsace. » Lui et ses partenaires testent leur idée au Salon de l’Habitat à Strasbourg. C’est un succès. Depuis, ils ont vendu près de 60 000 bouteilles.
BeeZen, tisane pétillante, s’est engagé de manière plus originale, en parrainant des abeilles. « Une ruche abrite 40 000 abeilles alors j’achète une ruche à l’association Un toit pour les abeilles dès que 40 000 cannettes sont vendues », raconte Raphaël Tahery. En l’espace de trois ans, l’entrepreneur a ainsi financé trois ruches.
Kiff’it et les autres… Une clientèle variée et féminine
Maintenant sur le marché, qui s’intéresse à ces nouvelles boissons ? « Des personnes qui recherchent une alimentation plus saine », répond Raphaël Tahery, de la tisane pétillante BeeZen, le plus « ancien » du panel. « On s’attendait à des femmes urbaines mais en fait, c’est vraiment tout le monde », estime Frédérique Fischer (Kyo Kombucha).
Sylvie Dumoulin pensait intéresser les personnes âgées, histoire du kefir oblige (1). En réalité, « je touche beaucoup de mères de famille, soucieuses de l’alimentation de leurs enfants, et des personnes de tout âge. » Les sportifs font aussi partie du public cible, ajoutent Pachamaté et Ékwého.
Il y a-t-il assez de place sur ce marché restreint ? Dans tous les cas, les entrepreneur(e)s veulent jouer collectif. « Nous aimerions nous regrouper sous l’étiquette #BoireAutrement », intervient Frédérique Fischer (Kyo Kombucha). « Nous sommes de plus en plus mais c’est tant mieux, appuie Jérôme Rallet, d’Ékwého. Si de nombreuses alternatives aux boissons traditionnelles existent, nous pourrons d’autant mieux convertir le grand public. » De leur côté, Pachamaté et Moi, moche et Bon ont déjà partagé un stand au NL Contest. Aztek et Kiff’it seront également ensemble au prochain Street bouche festival, le 16 et 17 septembre 2017 à Strasbourg.
En attendant de se faire une place durable, certain(e)s travaillent à côté de ce projet. C’est le cas de Kiff’it, de BeeZen ainsi que de Moi, moche et bon, qui espèrent se rémunérer d’ici 3 à 5 ans. Jérôme Rallet (Ékwého) s’est associé avec son beau-frère. Adrien Priss et Stéphan Goeldner (Pachamaté) se consacrent entièrement à leur projet. Dépassés par la demande, ils comptent lancer prochainement une campagne de crowdfunding.
Frédérique Fischer n’avait pas d’autre choix que de tenter l’aventure Kyo Kombucha à 100% : ils produisent eux-même le thé fermenté, selon un processus de fabrication proche de la bière. « Mon associé, Olivier Couret, est formé au métier de brasseur. De mon côté, c’est une reconversion totale ! J’ai été fleuriste puis j’ai travaillé dans la communication. »
Vous voulez goûter ? La plupart des boissons sont vendues dans certains commerces et/ou supermarchés.
(1) Le kéfir était fabriqué artisanalement dans les familles, en particulier jusque dans les années 60, en raison de ses propriétés favorables aux défenses immunitaires et à la flore intestinale.
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Merci Léa pour ce bel article ! Sylvie