L’Industrie Magnifique : des hommes, un mouvement, du sens partagé

 

Du 3 au 13 mai, la ville de Strasbourg se transforme en musée à ciel ouvert. L’Industrie Magnifique, c’est  une exposition monumentale offerte au public par 24 mécènes associés à 24 artistes (ou collectif d’artistes) sur 17 places dans une aventure singulière et originale menée tambour battant durant deux ans avec, à la manœuvre, l’association Industrie et Territoires et son capitaine Jean Hansmaennel.

 

L’industrie Magnifique  : un mouvement pluridisciplinaire générateur de sens

Tout part d’une idée, d’une envie d’une poignée d’hommes pour répondre à la conjonction de différentes problématiques. Jean Hansmaennel, président de l’association Industrie et Territoires, présente les axes qui sous-tendent ce mouvement. La première question, globale, est celle de la création : comment rendre le monde plus innovant? Une vaste question qui repose sur le postulat suivant : la création et l’imaginaire sont bons pour le moral.

 

Le deuxième axe vise le financement des artistes dans la société française dans la mesure où le modèle instauré par Malraux prolongé par la Loi Aillagon ouvre des perspectives en direction des acteurs privés. Le troisième axe cible les entreprises dans leur engagement sociétal pour leur permettre de dépasser la dimension économique et prendre leur place comme entreprise citoyenne. Le quatrième axe concerne le monde politique, souvent décrié. Là encore, se pose la question du levier à trouver pour faciliter le travail du politique à œuvrer en faveur du bien commun, à construire le vivre ensemble. Enfin, dernier axe de réflexion et non des moindres : comment valoriser le patrimoine industriel du territoire et le lien originel avec l’art ?

 

C’est de cette réflexion originale qu’est née L’Industrie Magnifique, un mouvement pluridisciplinaire réunissant artistes, industriels et collectivités locales. Un projet à énergie positive dans lequel l’artiste produit du sens, l’entreprise donne de la valeur et la collectivité du symbole.

 

Dans sa traduction concrète, cette réflexion s’inscrit dans une dynamique d’innovation à plusieurs niveaux. Le premier touche aux valeurs défendues dans ce projet et notamment celle de la fraternité et de la coopération. Des valeurs que l’on retrouve tout au long de l’aventure dans les rencontres entre artistes et industriels, dans l’engagement sans faille des bénévoles au service du projet et dans la coopération qui s’est construites entre tous les acteurs. Pour Jean Hansmaennel « les artistes sont les ouvre-boîtes » qui permettent de mobiliser une énergie incroyable dans cette relation de don.

 

Le second niveau d’innovation concerne le mode de financement de l’opération avec un système de double mécénat. LIM, c’est une superposition de mécénat de création et de mécénat d’entreprise. Le mécénat de création lie artiste et entreprise mécène. Les œuvres exposées sont acquises par les industriels qui bénéficient d’un régime de défiscalisation à hauteur de 100%. En parallèle, les mécènes soutiennent également la manifestation en contribuant au financement de sa réalisation aux côtés des collectivités.

Le mécénat : un engagement dans la vie de la cité.

Le mécénat est un acte philanthropique : un don d’une entreprise (ou d’un particulier) à une activité d’intérêt général. Hélène Ziegelbaum, Déléguée Régionale pour Admical et bénévole en charge de la coordination générale de L’Industrie Magnifique (LIM) explique : « La France est le pays où il existe le plus d’incitation en faveur du mécénat. Et c’est grâce aux grands mécènes que la manifestation peut avoir lieu. LIM est une bonne façon de montrer que les entreprises sont capables de s’engager. C’est aussi une belle occasion de valoriser les métiers de l’industrie. »

 

Il existe différents types de mécénat. Le mécénat financier, qui consiste en un apport en numéraire au profit d’un projet d’intérêt général, en est la partie la plus connue et celle à laquelle les entreprises ont le plus recourt. Mais il existe aussi le mécénat de compétences lorsqu’un salarié est mis à disposition sur son  temps de travail et le mécénat en nature qui se traduit par un don ou une mise à disposition de biens au profit d’un projet d’intérêt général. Au cœur du dispositif l’engagement d’une entreprise au service de l’intérêt général. « S’engager dans LIM, c’est une façon d’investir pour  le bien commun, pour le territoire, pour la vie de la cité » précise Hélène Ziegelbaum. Une action qui n’est pas réservée aux grandes entreprises puisque les PME sont plus nombreuses à le pratiquer alors que les grandes entreprises ont la possibilité de faire des dons plus importants.

 

Quelle que soit la taille de l’entreprise, les raisons de cet engagement ne sont toutefois pas à rechercher du côté fiscal. Hélène Ziegelbaum qui rencontre et accompagne les entreprises mécènes l’observe au quotidien : « La motivation des entreprises à s’engager dans une telle démarche n’est pas une histoire de don. C’est plus une histoire d’expérience à vivre et de collectif qui se joue, quelque chose de nouveau qui permet de sortir du cadre, de donner du sens, de partager des valeurs et d’innover. »

 

L’industrie Magnifique : une aventure à partager, un art à vivre.

Qu’ils soient des vieux briscards de la promotion de l’art en entreprise comme le Groupe Wurth ou des petits nouveaux dans le club des mécènes comme la Chaudronnerie du Ried ou Schmidt Groupe, tous évoquent ce projet avec enthousiasme en mettant en avant une dimension collective dans la coopération et l’innovation. « On  a dû être la première entreprise consultée pour LIM et on avait très envie que d’autres suivent le mouvement parce  que ça créé de l’émulation. Pour certaines sociétés, c’était une première : ça nous a rappelé de bons souvenirs avec notre première exposition il y a dix ans. C’est aussi une autre façon de travailler entre entreprises alsaciennes : LIM créé une dynamique de territoire  » explique Marie-France Bertrand, Directrice du Musée Wurth.

 

Certaines entreprises avaient déjà des habitudes de travail avec des artistes. C’est le cas de la Chaudronnerie du Ried avec le plasticien Michel Déjean qui travaille notamment des pièces en métal. Le binôme est allé plus loin cette fois en travaillant ensemble sur une oeuvre : un totem qui deviendra celui de l’entreprise après l’exposition place Saint Etienne et trônera devant l’entrée des nouveaux locaux de CDR à Saasenheim. Un engagement sous forme de pari pour Nicolas Stoeckel, Chargé d’affaires à la chaudronnerie, qui, convaincu par le projet présenté par Michel Déjean à réussi à entraîner l’entreprise dans l’aventure. Une aventure qui s’est révélée très prenante au quotidien mais source de satisfaction : « C’est l’occasion de réaliser une pièce qui sera visible et qui ne sera pas une pièce industrielle. C’est une façon d’exposer notre savoir-faire au grand public, de faire connaître nos métiers.  Et humainement, c’est une aventure forte! Les rencontres avec les autres entreprises, les artistes sont riches. »

 

Aller au-delà d’un horizon de production immédiat, décaler le regard sur une production industrielle et tisser des liens sur le territoire, c’est aussi ce qui anime Anne Leitzgen, Présidente du Groupe Schmidt. « On a adhéré à LIM parce que c’était notre intérêt que l’industrie soit valorisée et mise en avant sous un regard un peu différent. Il me paraît important également que les industriels du territoire se mobilisent pour donner une bonne image de l’Alsace, une image innovante et créative de la région. Enfin, en interne, c’est un projet fédérateur pour nos équipes : voir qu’on peut faire du beau avec les produits qu’on fabrique, nos matériaux : c’est un vrai sujet de fierté. » 

 

Un engagement qui fait sens également au sein même des équipes de production. C’est que relate Laurent Fehr, Directeur du Développement du Groupe Fehr : « Ce sont les équipes de production de Bischwiller qui ont coulé le béton des murs photogravés de l’oeuvre de Benjamin Kiffel. Perspectives poétiques N:21, c’est un projet qui met vraiment en valeur le produit du groupe. Benjamin Kiffel a compris la possibilité du produit et sa proposition artistique fait sens pour le groupe. »

 

Même écho du côté des Tanneries Haas à Eichhoffen avec Jean-Christophe Muller, PDG, qui fait la synthèse : « Cette action de mécénat n’est pas un investissement : quand on n’a pas de service communication comme c’est le cas à la tannerie, il faut beaucoup d’énergie et de temps pour organiser et réaliser une telle opération. C’est un projet qui met en valeur la matière, le cuir, d’une manière originale. C’est une façon différente de donner à voir notre savoir-faire. C’est aussi une façon d’apporter un peu de légèreté en interne dans un programme de production qui est plutôt lourd. A l’issue de l’exposition place Benjamin Zix, L’envolée chromatique de Bénédicte Bach sera installée dans nos nouveaux locaux. » Une première expérience de mécénat plutôt convaincante pour Jean-Christophe Muller qui est prêt à s’engager à nouveau dans l’aventure à condition que le projet soit en cohérence avec les valeurs et le savoir-faire de la tannerie.

 

« Les idées mènent le monde et les choses existent parce qu’on les nomment. L’industrie Magnifique n’est pas juste un nom et un concept. C’est une expérience qui se vit et se raconte. » conclut Jean Hansmaennel. Du sens à tous les niveaux, des rencontres, des liens qui se tissent : L’Industrie Magnifique, un mouvement de fond qui met les formes.

  

Plus d’infos : L’industrie Magnifique   Admical, le portail du mécénat L’Industrie Magnifique: une expo à ciel ouvert

Retrouvez le programme de la manifestation.

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